Casablanca, Maroc – La récente mission consultative de l’Institut Africain des Nations Unies pour la Prévention du Crime et le Traitement des Délinquants (UNAFRI) auprès de l’Observatoire National de la Criminalité (ONC) marocain marque une étape clé. Cet article décrypte comment cette collaboration renforce les capacités du Maroc à lutter contre la criminalité sous toutes ses formes, avec un accent particulier sur les enjeux cruciaux de la criminalité financière.

Le ministère de la Justice marocain a accueilli une mission consultative clé de l’Institut Africain des Nations Unies pour la Prévention du Crime et le Traitement des Délinquants (UNAFRI) en septembre 2023. Cette rencontre, cruciale pour le renforcement des capacités de l’Observatoire National de la Criminalité (ONC), souligne l’engagement du Maroc dans la lutte contre la criminalité, y compris financière, et la modernisation de son appareil judiciaire.

L’ONC au Cœur de la Stratégie Marocaine : Un Partenariat Stratégique

Le Maroc, par l’intermédiaire de son ministère de la Justice, a affirmé sa volonté de consolider les capacités de l’ONC. Lors de la réunion, le Ministre de la Justice, M. Abdellatif Ouahbi, a mis en lumière les réformes judiciaires du Royaume, notamment en matière de politique pénale. Il a aussi souligné les défis auxquels l’ONC fait face, notamment le renforcement des compétences de ses ressources humaines et de ses expertises professionnelles. L’ouverture aux expériences internationales, comme celle de l’UNAFRI, est perçue comme un levier essentiel pour atteindre ces objectifs.

La mission consultative, qui s’est tenue au siège de l’ONC à Technopolis, a permis aux experts de l’UNAFRI – M. KITIO Edouard (Directeur), M. AMADOU Moktar et M. NTONO TSIMI Germain – de partager leur expertise technique. Le programme a couvert plusieurs axes liés aux missions de l’Observatoire, incluant des présentations sur la criminologie, les facteurs contribuant à la personnalité criminelle, ainsi que la collecte et la publication des statistiques criminelles. Cette collaboration vise à doter l’ONC des outils et des connaissances nécessaires pour une analyse plus fine des phénomènes criminels et une meilleure élaboration des politiques de prévention.

Bien que la mission de l’UNAFRI ait porté sur des aspects généraux de la prévention de la criminalité, il est crucial de souligner que la criminalité financière est une composante majeure et de plus en plus présente de l’ensemble des phénomènes criminels. Au Maroc, la lutte contre la criminalité financière est une priorité nationale, comme en témoignent les efforts constants pour renforcer le cadre juridique et institutionnel.

La loi n° 43-05 relatif à la lutte contre le blanchiment de capitaux, tel que modifié et complété, constitue le pilier de la législation marocaine en la matière. Ce cadre est constamment mis à jour pour s’aligner sur les standards internationaux, notamment ceux du Groupe d’Action Financière (GAFI). La criminalité financière, incluant le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, la corruption et la fraude, a des répercussions économiques et sociales considérables, minant la stabilité financière et la confiance dans les institutions.

Dans ce contexte, le renforcement des capacités d’analyse et de collecte de données de l’ONC est indirectement mais fondamentalement lié à la lutte contre la criminalité financière. Une meilleure compréhension des schémas criminels généraux, des profils des délinquants et des statistiques sur la criminalité permet d’identifier les vecteurs et les risques associés à la criminalité financière. Par exemple, l’analyse des données sur la criminalité organisée peut révéler des liens avec des activités de blanchiment de capitaux. De même, une expertise accrue en matière de collecte et de traitement des statistiques criminelles est essentielle pour mesurer l’étendue de la criminalité financière et évaluer l’efficacité des mesures de lutte.

À l’issue de cette mission, les responsables de l’UNAFRI ont salué les réformes importantes entreprises par le Maroc dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la criminalité, réaffirmant leur engagement à approfondir la coopération avec l’ONC. Cette collaboration continue est primordiale pour le Maroc qui s’efforce de moderniser son système judiciaire et de se conformer aux meilleures pratiques internationales en matière de gouvernance et de sécurité financière.

Le défi pour l’ONC, en lien avec la criminalité financière, sera d’intégrer pleinement les données spécifiques à ce type de criminalité dans ses analyses et ses rapports, afin d’offrir une vision plus complète et plus pertinente pour les décideurs. L’échange d’expertises avec des institutions comme l’UNAFRI est un pas significatif vers l’atteinte de cet objectif, contribuant à une approche plus holistique et efficace de la lutte contre toutes les formes de criminalité au Maroc.

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